mardi 27 juillet 2010

Fawzia Zouari

Professeur, romancière et journaliste

Nous avons choisi de mettre à notre Tableau d’Honneur de ce mois d’août, encore une dame, mais pas n’importe laquelle. Puisque Mme Fawzia Zouari, car c’est d’elle qu’il s’agit, est Docteur en Littérature française et comparée de l’université de la Sorbonne de Paris.

Née en Tunisie, originaire de la région du Kef, non loin de l'Algérie, Fawzia Zouari est arrivée à Paris en 1979. Par bonheur, Paris lui a, d’emblée, ouvert grandes de nombreuses portes, notamment dans les domaines les plus variés de la culture, de l’éducation et de la communication. Elle a, en effet, travaillé dix années durant, de 1987 1996, pour l’Institut du Monde Arabe, à différents postes, en tant que animatrice culturelle, rédactrice du magazine Qantara, entre autres. Avant d'être à l'Institut du monde arabe, elle a en charge les relations de presse pour des expositions de peinture à l'ONU. Elle a également participé à des ateliers de théâtre dans des quartiers à forte population immigrée et présidé le Cercle des intellectuels arabes.
Après avoir collaboré à une radio arabe de Paris, elle a rejoint en 1997 le magazine hebdomadaire -Jeune Afrique-, dont, depuis lors, les lecteurs connaissent et savent apprécier, à leur juste qualité, ses chroniques socio-culturelles.

Par ailleurs, Mme Fawzia Zouari est membre des comités de rédaction des revues « Confluences », « Méditerranée » et « Intersignes ». Elle est très impliquée dans le cinéma, entre autres, en tant que membre du jury du Festival francophone de Namur. Mais, c'est à l’écriture qu'elle consacre l'essentiel de son énergie créatrice, voire de sa vie. A preuve, elle a écrit et publié plusieurs articles et chroniques, et plus dune dizaine de livres dont La Retournée, (Ed. Ramsay) a obtenu le prix spécial des cinq continents de la Francophonie en 2003, et La Deuxième épouse, (Ed. Ramsay) a reçu en 2007 le Comar d’or, la principale distinction littéraire en Tunisie.

Dans La Retournée, Fawzia Zouari nous parle dune jeune fille, Rym, qui vit en France depuis plusieurs années, et qui, ayant appris le décès de sa mère, retourne, avec sa petite fille de cinq ans, dans son village, au nord-ouest de la Tunisie. « Retournée », car elle y revient au pays natal. « Retournée », aussi, car elle voudrait qu'on lui pardonne, que les habitants du village ne lui tiennent pas rigueur d'avoir fui ce pays. « Retournée » enfin, car elle va rencontrer un homme qu'elle n'attend pas, dans ce pays qu'elle n'a pas vu depuis plusieurs années déjà.

En 1997, elle a publié Pour en finir avec Shhrazade, un essai où elle explore quelques aspects des traditions propres à la culture arabo-musulmane qui contraignent à refuser la confession et à toujours commencer un récit par : « Il tait une fois... ».
Ce pays dont je meurs, paru en 1999, aux éditions Ramsay, lui a été inspiré par un fait divers chargé de sens : le décès par inanition, Paris, de deux jeunes Algériennes. Ce qui requiert son attention et son intérêt, c’est que cette fin tragique vient sanctionner l'échec de leur intégration dans leur société d’accueil. Son engagement a été concrétisé, une fois de plus, par ses deux ouvrages Le Voile islamique, (Ed. Favre) et Ce voile qui déchire la France (Ed. Ramsay). Ici, elle prend position dans l’affaire du voile islamique. Ces ouvrages s'inscrivent dans le prolongement des enquêtes qu'elle a menées sur ce thème pour Jeune Afrique.

Le thème central ou fil conducteur des œuvres de Fawzia Zouari porte essentiellement sur le traumatisme de l'exil, en rapport avec sa propre vie. A la différence près que son exil demeure une source plutôt d'enrichissement, contrairement bien d’autres personnes qui vivent l’éloignement du pays natal comme une situation permanente de douleur. En tout cas, Mme Fawzia Zouari a réussi l’exploit d’être à l'aise, tant en France qu'en Tunisie et de maîtriser parfaitement la langue et les codes culturels de chacun des deux pays. Ceci est tout à son honneur et nous autorise à dire qu’elle mérite, bel et bien, de figurer au tableau d’honneur du Filament, pour instruire les jeunes que la réussite et le bonheur n’ont pas de frontières, ni de couleur, ni de sexe.

Un autre fait important de la vie de Mme Fawzia Zouari, c’est que lorsqu’elle a décidé de poursuivre ses études à un très haut niveau, elle s’est heurtée aux réticences de son entourage, y compris sa propre mère, dans leur vision étriquée, selon laquelle le destin d'une jeune fille est de rester à la maison. On comprend dès lors pourquoi les thèmes tels que la quête de l'identité, la condition de la femme arabe, la rencontre des cultures… sont, chez elle, des sujets récurrents et essentiels et préoccupants. On comprend aussi pourquoi, en 1979, lorsqu'elle s'installe à Paris, elle choisit, pour sa thèse de doctorat un étonnant personnage qui eut presque le même itinéraire qu'elle, mais a rebours : Valentine de Saint-Point, petite nièce de Lamartine, convertie à l'Islam et morte au Caire en 1953, après avoir épousé la cause du nationalisme arabe. Il faut préciser que c’est de cette recherche qu’est sorti son livre, La Caravane des chimères, publié par Olivier Orban, en 1989.

La bibliographie de Mme Fawzia Zouari comprend, en outre, Ce pays dont je meurs (Ed. Ramsay), comporte des ouvrages intéressants et enrichissants, de par la variété de ses thèmes et surtout de par la qualité de son style, comme en témoigne ce message de Faten Mootamri, envoyé de Yasminaureli (Tunisie) à Mme Fawzia Zouari, Il y a quelques années :
« Après lecture de votre ouvrage Ce Pays dont je meurs, que j'ai achevé en deux jours, je tenais à vous féliciter de ce style aussi léger et profond en même temps qu’expressif, spontané, riche, pour ainsi dire parfait. Je vous découvre à travers cet ouvrage émouvant et je ferai tout pour avoir vos autres ouvrages qui pourraient ne pas être disponibles en Tunisie, quitte à faire le voyage à Paris. Voilà, en si peu de mots, ce que je ressens à l'instant même où je viens de finir la dernière page de ce livre, avec amertume, priant Dieu qu'il ne finît jamais, tellement sa lecture m'avait emportée dans d'autres cieux… N'est ce pas le fait du génie de l'auteur !... ». Faten Mootamri.
Si vous avez lu les livres de Fawzia Zouari, n’hésitez pas à nous faire partager vos impressions et vos avis. Envoyez-nous vos commentaires, analyses et compte-rendu, etc. Nous les publierons dans nos prochaines parutions.

Léandre Sahiri

Paru dans la rubrique Tableau d'Honneur du Filament N°7



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